Louis-Laurent Preux

Directeur SWP and Foresight chez Carrefour

Participant du Cercle de l’IHEE 2019/2020

 

« ON NE GAGNE PAS DANS UN MONDE QUI PERD » LA BOUSSOLE DE LOUIS-LAURENT 

J’ai été séduit par une notion développée à l’IHEE, à savoir celle de leader “enabler”, en l’occurrence celui(celle) qui crée les conditions de la confiance collective.

Qui es-tu ?

Je travaille chez Carrefour depuis 6 ans, d’abord comme Directeur Learning, Talent et Culture de la Supply Chain puis comme Directeur SWP (Strategic Workforce Planning) au sein de la DRH France. Il s’agit de fournir à l’entreprise les compétences clefs dont elle a besoin pour déployer sa stratégie avec un focus sur les postes à forte valeur ajoutée. Les postes liés au digital en font partie. A cet égard, je suis passionné par le lien entre technologie et émergence de nouveaux paradigmes. On sait, en effet, depuis Heidegger que « la technique n'est pas seulement pratique, elle est une façon de penser ». Le digital a ainsi engendré des bouleversements qui ne sont pas sans impact sur le management. Concrètement, j’anime des sessions autour du management à l’ère digitale : comment (enfin) adopter des comportements du 21ème siècle ? Comment travailler avec les digital natives ?
Sur le plan privé, je suis père de deux filles, toutes deux étudiantes. Elles font de « bonnes » études. Elles le doivent à leur mérite, mais aussi à leur environnement. Notre expérience de Parcours Sup et des dossiers de Master m’a interpellé sur le fait que la description « bourdieusienne » de la reproduction des élites était plus que jamais d’actualité. Aussi, j’aide des jeunes en difficulté au travers de l’association NQT (Nos Quartiers ont du Talent). Mais il faut aller encore plus loin en agissant sur les causes. C’est pourquoi – et c’est ce qui relie ma vie professionnelle à ma vie personnelle – je contribue à un think tank qui s’appelle #Leplusimportant. Notre objectif est de favoriser le développement des compétences et de l’employabilité de chacun.

 

Quel est ton parcours ?

Ayant commencé par hypokhâgne et khâgne et des études de philo, j’ai bifurqué vers une école de commerce, en l’occurrence l’ESCP. Au départ, je me destinais plutôt à la fonction publique internationale (stages à l’UNESCO et à l’OMC). J’ai vu que l’on pouvait aussi intervenir pour ce type d’organisation via des missions de consulting. C’est pourquoi, finalement, j’ai opté pour le parcours classique : consultant en « big five » puis développement RH en entreprise dans des secteurs très différents : travail temporaire, secteur bancaire, industrie pharmaceutique, marketing digital et enfin la grande distribution.
Comme je le disais, je travaille chez Carrefour depuis 6 ans, entreprise qui remplit toutes mes aspirations. Sans en faire le panégyrique, c’est une entreprise pour laquelle l’expression « ascenseur social » a un sens concret.

 

On dit souvent que dans le recrutement entre le recruteur et la génération Z (nés après 1985), on n’est pas à égalité ! Peux-tu développer ce concept ?

On entend souvent dire, qu’aujourd’hui, il appartient aux entreprises d’être convaincantes pour attirer les candidats. Le pouvoir aurait changé de camp… 
D’abord, constatons que les comportements que l’on attribue à la génération Z sont, en réalité, des attitudes propres à la jeunesse quelle que soit l’époque. Néanmoins, il existe quelques caractéristiques propres à cette génération, en l’occurrence le fait que, s’agissant des outils digitaux, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’apprentissage s’est fait des jeunes vers les séniors. Comme le dit Alain Finkielkraut, « les vieux se sont mis à l’école des jeunes ». Cela leur a donné une certaine confiance en eux qui les autorise à bouleverser les codes de l’entreprise. Ils sont 16 millions en France. Ils arrivent sur le marché du travail et nous, entreprises, n’avons d’autre choix que de nous adapter à cette nouvelle donne.

 

Quel impact la session du Cercle de l’IHEE 2019/2020 a-t-elle eu pour toi ?

Le Cercle de l'IHEE a eu un impact important. Il y a eu un avant et un après. L’IHEE m’a amené à profondément revisiter la notion de leadership. Cette notion m’a toujours posé souci. Ma jeunesse s’est déroulée au XXème siècle. Il est vrai que les leaders de ce siècle n’ont pas tous laissé que de bons souvenirs. 
L’IHEE a, en quelque sorte, réhabilité cette notion de leadership. Par exemple, j’ai beaucoup apprécié la notion de leader « enabler », à savoir celui(celle) qui crée les conditions de la confiance collective, notion que je n’ai eu de cesse d’approfondir à la suite de l’IHEE.
Plus généralement, j’ai eu le sentiment d’une bouffée d’oxygène lors de ces sessions. Pour rien au monde, j’en aurais manqué une. La particularité de ce programme, c’est son aspect à la fois « grand angle » et « zoom ». On y abordait les problématiques sous un angle très macro au travers de travaux de chercheurs puis on « redescendait » sur des aspects concrets et opérationnels.

 

Tu insistes sur la communication avec l’autre au sein du Cercle de l'IHEE que tu as fait. En quoi ce besoin de communication s’incarne-t-il dans ta vie ?

Le Cercle de l’IHEE, si on devait le résumer à l’extrême, c’est presque un programme sur la communication. Beaucoup d’apports tournent autour de l’écoute active et des façons de mieux comprendre autrui. Je suis très sensible à la thématique de l’incommunicabilité. Je pense que le malentendu est, hélas, le mode normal de communication. Mon étonnement est que, parfois, on arrive à se comprendre… Sur ce point, l’une de mes passions consiste à voyager en famille dans des pays parfois improbables, comme la Corée du Nord par exemple. Nous sommes aussi allés aussi en Ouzbékistan et plusieurs fois en Inde et j’adore le fait de constater, qu’en dépit des différences de culture, on parvienne à se comprendre (un peu).

 

As-tu une anecdote à nous raconter sur cette session ?

Pas vraiment une anecdote, mais, au début, une certaine résistance par rapport à certains exercices de relaxation qui m’ont laissé dubitatif : suis-je tombé dans un club new age californien ? Néanmoins, j’ai joué le jeu et ai été convaincu ! C’est ça aussi l’IHEE : lever les a priori et se donner la chance d’aller vers ce que l’on ne connait pas.

 

Quel intérêt trouves-tu aujourd’hui à être adhérent de l’IHEE Connect ?

C’est une façon de perpétuer l’aventure en retrouvant des anciens et en faisant connaissance de personnes aux profils (parfois) atypiques. Et puis, les thématiques sont toujours passionnantes et enrichissantes.

 

 

 

 

 

 

Interview réalisée par Eric Fouache, Professeur de Géographie Physique et Géoarchéologie à Sorbonne Université, membre Senior de l’IUF, auditeur de la Session Annuelle 2 et Membre du bureau IHEE Connect.