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Enquête "Employabilité : Faire cause commune" - Un appel à agir pour faire face aux mutations du travail
 
En 2018, l’Institut de l’Entreprise publiait l’enquête « A quoi servent les entreprises ? ». Parmi ses enseignements, un avait particulièrement retenu notre attention : les Français dans leur grande majorité avaient placé la formation des salariés aux compétences de demain en tête de leurs attentes vis-à-vis des entreprises. À travers une nouvelle enquête réalisée en partenariat avec le cabinet Elabe et Le Parisien Week-End, l’Institut de l’Entreprise a donc décidé d’approfondir ce qui apparaît comme un des enjeux majeurs des décennies à venir : l’employabilité.


Les Français et les chefs d’entreprise anticipent des mutations profondes des métiers dans les dix ans à venir


Les chefs d’entreprise anticipent que leur activité sera fortement impactée dans les 10 prochaines années par les changements réglementaires et de normes légales (91 % des chefs d’entreprise pensent qu’ils auront un fort impact sur leur activité), les évolutions des technologies et du numérique (73 %), la transition écologique (55 %) ou encore le vieillissement de la population (47 %).


44% des Français pensent que les évolutions des technologies et du numérique détruiront davantage d’emplois qu’elles n’en créeront. Les chefs d’entreprise sont moins pessimistes : seuls 32 % d’entre eux considèrent que les évolutions des technologies et du numérique feront diminuer le nombre d’emplois dans leur entreprise.


Les deux publics interrogés se rejoignent en revanche sur la transformation profonde de la nature des métiers qui se profile. Une large majorité des Français considèrent probable que la plupart des personnes exerceront plusieurs métiers au cours de leur carrière (93 %), exerceront plusieurs métiers simultanément (81 %) ou encore seront assistés par des intelligences artificielles (76 %). 75 % d’entre eux anticipent une évolution de leur propre métier dans les dix prochaines années ; un sur cinq considère même que cette évolution sera radicale.


Face à ces bouleversements, actifs et chefs d’entreprise partagent un sentiment d’urgence


S’ils sont conscients des phénomènes à l’œuvre et de leurs conséquences sur leur métier et leur emploi, les actifs ne se sentent cependant pas tous prêts à y faire face. 43 % de salariés prévoient de changer d’employeur dans les 10 prochaines années, et 41 % des actifs de changer de métier. Mais dans les deux cas, ils sont près de 6 sur 10 à considérer que cela leur sera difficile. En conséquence, 67 % des actifs considèrent comme urgent d’acquérir de nouvelles compétences pour s’adapter aux évolutions du monde du travail.


Il faut noter que cette urgence est partagée aussi bien par les CSP – (64 %) que les CSP + (72 %). En effet, la difficulté à changer d’employeur (45 % pour les CSP -, 43 % pour les CSP +) ou de métier (42 % et 40 %) est ressentie à un niveau semblable par les deux catégories.


Les chefs d’entreprise partagent cette préoccupation : ils placent le développement des compétences de leurs collaborateurs dans le top 3 des enjeux prioritaires pour l’avenir de leur entreprise (97 % le considèrent « prioritaire » ou « important »). Ils estiment à ce titre que leurs actions et dispositifs en faveur de l’employabilité améliorent les résultats économiques (87 %) et l’attractivité de leur entreprise (81 %).


La situation perçue de l’employabilité en France n’est pas à la hauteur des attentes


Pour les Français comme pour les chefs d’entreprise, la situation de l’employabilité en France n’est pas à la hauteur des attentes, et ceci quelles que soient les dimensions abordées (acquisition de compétences (jugée insatisfaisante par 56 % des Français et 46 % des chefs d’entreprise), anticipation de l’évolution des métiers (72 % et 51 %), recherche d’emploi et accompagnement à la mobilité (75 % et 81 %), insertion des jeunes (77 % et 72 %), etc.).


Leur point de vue est plus nuancé pour leur propre entreprise, même si les chefs d’entreprises sont plus positifs à ce sujet. Alors que 87 % de ces derniers considèrent en faire assez pour améliorer l’employabilité de leurs collaborateurs, seulement 53 % des salariés jugent que l’action de leur propre entreprise est suffisante.


Par conséquent, face au constat d’insuffisance des actions menées, les Français considèrent leurs acquis personnels comme leur meilleure garantie. Ils comptent en effet davantage sur leur expérience professionnelle, leurs qualités personnelles, leur réseau (70 % de premières citations) que sur la formation, qu’elle soit initiale ou continue (22 % de premières citations), pour assurer leur employabilité.


La mobilisation de plusieurs acteurs, compétents dans des domaines différents, est jugée nécessaire


Pour les Français comme pour les chefs d’entreprise, les entreprises et leurs branches professionnelles sont le premier acteur à même d’améliorer les choses en matière d’employabilité (52 % et 53 % des citations respectivement). Elles sont suivies par l’École (38 % et 69 %) et les citoyens directement (46 % et 50 %).
Quand on rentre dans les domaines concernés, les Français sont pragmatiques et citent des acteurs qui leur paraissent les plus appropriés à l’enjeu spécifique (Pôle Emploi pour la recherche d’emploi et l’accompagnement de la mobilité, l’État et les associations pour l’insertion des personnes les plus vulnérables sur le marché de l’emploi, les entreprises et les CCI pour l’anticipation des métiers du futurs…). Pour 58 % des Français comme des chefs d’entreprise, c’est avant tout aux pouvoirs publics de financer les actions en matière d’employabilité.


Enfin, l’enquête révèle une volonté partagée d’association et de collaboration plus importante des parties prenantes de l’entreprise.  Alors que 78 % des chefs d’entreprise déclarent déjà les associer, les salariés considèrent que les collaborateurs sont le premier acteur (42 %) avec lequel les entreprises devraient travailler davantage pour renforcer leurs actions en matière d'employabilité.


Antoine Frérot, Président de l’Institut de l’Entreprise, déclare : « L’enseignement de cette enquête est clair : alors que les Français et les chefs d’entreprises anticipent des bouleversements majeurs des emplois et des métiers dans les dix prochaines années, ils ne se sentent pas assez armés pour faire face à ces évolutions. C’est donc un appel à la mobilisation que nous lançons à travers cette étude, car nous vivons actuellement une période de transition entre la destruction et la création de nouveaux emplois et nous devons, en même temps, assurer aux Français des carrières professionnelles. Comme le démontrent les résultats, l’entreprise sera au cœur du réacteur pour inventer les solutions de demain en associant encore davantage les collaborateurs. Une belle opportunité de rapprocher les Français et l’entreprise ».

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