Retour

C’est à l’occasion du séminaire inaugural de la 20ème Session Annuelle portant sur le thème des entreprises au défi de la transition énergétique, que les auditeurs de l’IHEE sont partis à la rencontre de Jean-François Caron, maire charismatique de la commune de Loos-en-Gohelle, ville pilote du Développement Durable, vitrine de la 3ème révolution industrielle en Hauts-de-France, labellisée « premier démonstrateur national de conduite du changement » par l’ADEME.

C’est dans les années 1980, que la commune située au plein cœur de l’ancien bassin minier, subit le choc de la cessation de l’activité de Charbonnages de France, le plus gros employeur de la région, donnant lieu à une crise systémique prolongée marquée par le chômage, les délocalisations, la pollution et l’affaissement des sols, et la spirale sociale de ghettoïsation d’un territoire en déshérence.

Comment la commune a-t-elle su rebondir après un tel choc ? Tout d’abord par la culture, avec un travail de mémoire et de deuil d’un ancien modèle d’exploitation pour laisser la place à une histoire alternative et un modèle de développement durable. Selon Jean-François Caron, la résistance au changement est avant tout un problème d’imaginaire. La commune a su protéger ce qu’il lui restait d’identité en se réappropriant son patrimoine minier aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Si la mise en récit de la transition a suscité l’adhésion des habitants, c’est par des actions concrètes déployées sur le long cours que la transformation s’est opérée : des actions systémiques menées sur le front économique, social et environnemental et à tous les échelons, s’appuyant sur une culture de la participation et de nouveaux modes de gouvernance, avec des résultats concrets qui concourent à la création d’un écosystème plus robuste (pépinière d’éco-entreprises, commerces en expansion, lotissements bioclimatiques, jardins partagés, ceinture verte, plan santé nutrition dans les écoles), et des indicateurs encourageants (chômage en baisse et indicateurs de bien-être en hausse).

La résilience de ce territoire nous éclaire ainsi sur les enjeux de transitions systémiques à l’échelle de la planète. Mais citant Gramsci, Jean-François Caron nous rappelle que lorsque « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». La transition n’est selon lui pas un problème de technologie mais d’imaginaire et de conduite du changement. Et cela passe par la mise en récit, le leadership et l’humain.

 

Retour